Le portage salarial est une forme d’emploi née à la fin des années 1980 avec le souhait d’aider les cadres seniors à réintégrer plus facilement le monde du travail. Plus de trois décennies plus tard, cette organisation du travail a gagné en légitimité auprès des pouvoirs publics et jouit d’un cadre juridique et d’une notoriété qui profitent à tous les acteurs y œuvrant : salariés portés, entreprises clientes et sociétés de portage salarial.
Avec ces 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel, ce domaine d’activité est en pleine croissance. De nouvelles tendances intègrent le paysage professionnel du portage salarial : expansion vers les professions artisanales et du bien-être, augmentation de la proportion des femmes ayant fait le choix de se tourner vers cette branche d’activité, diversification des profils et des tranches d’âge y œuvrant, croissance du chiffre d’affaires dans le secteur, etc. Cet article est l’occasion de faire le point sur les évolutions et les mutations observées au sein du portage salarial.
Le portage salarial est né en 1988, à l’initiative d’anciens cadres d’HEC et de l’AVARAP. Durant ses 35 années d’existence, ce secteur a connu de nombreuses évolutions :
Toutes ces avancées juridiques, organisationnelles et structurelles ont permis une augmentation du nombre de salariés portés adhérant à cette forme d’emploi. Cette évolution s’exprime par le passage du nombre de consultants au sein de cette branche d’activité entre 2006 et 2015 de 10 000 salariés portés à 90 000. Elle peut également être observée au niveau du nombre de sociétés de portage salarial présentes en France à ce jour : 700 (contre 225 en 2015).
La Fédération des Entreprises de Portage Salarial recense aujourd’hui et en France plus de 750 métiers issus du monde des services et de l’artisanat représentés au sein des salariés portés. Il est à noter, par ailleurs, que 50 % des sociétés de portage salarial sont domiciliées en Île-de-France. Pourtant, 60 % des salariés portés résident hors de cette région. Les régions les plus représentées au sein des salariés portés sont l’Île-de-France (40 %), la région Rhône-Alpes (11 %), l’Occitanie (8 %).
Le profil des sociétés de portage salarial est à 90 % généraliste. En effet, la majorité de ces entreprises comptabilise au moins 3 domaines d’activité différents. Les 12 % spécialisés s’orientent vers l’informatique ou le secteur du bien-être généralement.
Au vu de son origine historique, le portage salarial est mieux représenté au sein du secteur des services aux entreprises : 23 % des salariés portés œuvrent dans ce domaine d’activité.
Les domaines d’expertises les plus représentés au sein des sociétés de portage salarial sont :
92 % des sociétés de portage salarial déclarent avoir au minimum un salarié porté dans le secteur de l’informatique.
Certains métiers font leur apparition ou signent leur présence timidement, mais de façon durable :
Le nombre de salariés portés, en France, s’élève à plus de 100 000 travailleurs indépendants. Les estimations et projections quant à l’évolution de ce nombre sont très optimistes et envisagent plus de 600 000 emplois créés d’ici 2025 via ce dispositif.
Par ailleurs, le portage salarial intéresse divers profils de professionnels indépendants :
En termes de capacité à trouver des missions, les salariés portés possèdent en moyenne six clients. Les hommes représentent 57 % du total des effectifs des indépendants ayant opté pour le portage salarial (2019). En 2016, les hommes représentaient 60 % de la population salariale dans le domaine.
En ce qui concerne l’ancienneté des consultant évoluant dans cette branche d’activité, elle est estimée en moyenne à 2 ans pour 52 % des salariés portés. Enfin, l’âge moyen des salariés portés a diminué entre 2016 et 2019 pour passer de 46 ans à 41 ans. Cette forme d’emploi, historiquement investie par les cadres seniors, intéresse, avec le temps, des tranches d’âges différentes et plus jeunes.
Le désir d’indépendance et d’autonomie des salariés portés profite à la croissance de ce secteur d’activité. La digitalisation de nombreux métiers liés à la prestation de services et la démocratisation de certaines modes de travail et modes de vie (digital nomadism, freelancing notamment) participent à l’expansion du portage salarial et à sa notoriété également.
En matière de chiffre d’affaires, la Fédération des Entreprises de Portage Salarial (FEPS) évalue l’évolution de celui-ci, dans le cadre du portage salarial, à plus de 17 milliards d’euros d’ici 2030. Celle-ci a également mis en évidence deux facteurs, principalement, pouvant affecter négativement l’évolution de cette forme de travail. Ceux-ci concernent à la fois le caractère nébuleux de ce dispositif auprès du grand public et les limitations juridiques du portage salarial trop cantonnées au cadre historique de celui-ci : les professions intellectuelles et de niveau post bac.
En effet, le portage salarial actuel s’enferme dans un champ restreint en matière de diplômes et de seuils de revenus. La FEPS espère, ainsi, une ouverture et un élargissement du dispositif pouvant étendre le marché du portage salarial pour faciliter l’accès de ce dispositif aux :
Cette potentielle ouverture pourrait faire progresser le portage salarial en termes du nombre d’adhérents et en chiffre d’affaires généré annuellement. Ainsi, la FEPS estime que les revenus générés par les salariés portés, en Île-de-France à elle seule, pourrait dépasser le milliard d’euros dès 2022 et les 2 milliards d’euros en région Rhône-Alpes dès 2030. Enfin, la FEPS espère qu’avec l’évolution du cadre juridique et législatif dédié au portage salarial, le nombre de personnes employées dans le portage salarial pourra atteindre les 1 250 000.
Pour conclure, depuis son apparition, le portage salarial est en perpétuelle expansion en matière de nombre de salariés portés, d’entreprises de portage salarial créées et de secteur professionnels (bien-être, artisanat) représentés. Le portage salarial, historiquement lié aux professions intellectuelles, tend à toucher des secteurs ne nécessitant pas forcément des diplômes du supérieur. La structuration de cette branche d’activités autour de textes juridiques (Code du Travail, ordonnance du 2 avril 2015) et d’organisations syndicales et patronales a permis l’émergence d’un cadre sécurisant pour l’ensemble des acteurs du portage salarial et propice au développement de ce type d’activité professionnelle. Enfin, l’évolution des modes de vie et la digitalisation de nombreux corps de métier rendent l’accès à l’entrepreneuriat plus facile participant, ainsi, à l’expansion de cette organisation de l’emploi.
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