Les chiffres clés de la micro-entreprise (2022)

7% des actifs français sont micro-entrepreneurs

Même si elle a frappé de plein fouet les entrepreneurs qui ont vu pour nombre d’entre eux leur activité et leur chiffre d’affaires s’effondrer durant de longs mois, la crise sanitaire n’a pas porté de coup d’arrêt à la création d’entreprises en France. Et parmi celles-ci, les micro-entreprises se taillent la part du lion avec plus de 60% des immatriculations enregistrées en 2021.

Rendu plus attractif depuis 2018 avec, notamment, le doublement des plafonds de chiffre d’affaires annuel autorisé, le système de l’auto-entreprise séduit donc chaque mois de plus en plus de Français désireux de gagner en autonomie et en liberté. Aujourd’hui, 7% des actifs, soit plus de 2,2 millions de personnes, sont micro-entrepreneurs, qu’il s’agisse d’une activité principale ou d’un complément, à un emploi salarié par exemple.

À la demande de STA-Portage, l’agence spécialisée en data Flashs a réalisé une vaste étude sur la situation des micro-entreprises dans notre pays, leur poids, leur évolution dans le temps ou encore leur localisation. Basée en grande partie sur les plus récentes données diffusées début août 2022 par l’URSSAF et l’INSEE, cette étude offre un tour d’horizon complet du secteur de la micro-entreprise en France.

Micro-entreprises : une progression constante

Mis en place le 1er janvier 2009, le régime de l’auto-entreprenariat a rapidement séduit des centaines de milliers de personnes désireuses de s’installer à leur compte ou de dégager des revenus complémentaires à leur activité salariée. Entre 2010 et 2017, la moyenne annuelle des créations de micro-entreprises en France s’est établie aux alentours de 300 000 unités. Un chiffre qui va progresser de manière spectaculaire à compter de 2018, année marquée par des évolutions notables comme le doublement des plafonds de chiffre d’affaires autorisé ou la possibilité, sous conditions, de percevoir des indemnités chômage en cas de cessation d’activité.

Si elle a impacté l’activité et les revenus des micro-entrepreneurs, la crise sanitaire qui a éclaté en 2020 n’a pas empêché la création de micro-entreprises de battre des records dans notre pays, passant de 502 000 nouvelles immatriculations en 2019, soit avant la Covid-19, à 548 000 en 2020 puis 642 000 l’an dernier. En 2021, 6 entreprises sur 10 créées en France étaient des micro-entreprises.

L’appétence des Français pour la création d’entreprise progresse année après année. En 2016, ils étaient 37% à souhaiter se mettre à leur compte*. Six ans plus tard, près de la moitié (48%) expriment cette même volonté**. Cette aspiration est notamment très forte chez les 25-34 ans (64%) et parmi les catégories socio-professionnelles supérieures (57%). En 2021, 40,9% des créateurs de nouvelles micro-entreprises avaient moins de 30 ans et 40% des nouvelles micro-entreprises ont été créées par des femmes.

Parmi les principales motivations qui poussent les Français à créer leur entreprise, quelle que soit sa forme juridique, l’INSEE dégage dans une de ses enquêtes*** les raisons suivantes :

  • 62% des créateurs expriment le souhait d’être indépendant,
  • 44% indiquent qu’ils sont animés par le goût d’entreprendre et la volonté de relever de nouveaux défis,
  • 24% sont motivés par la perspective d’augmenter leurs revenus
  • 13% disent avoir choisi ou avoir été contraints de créer leur entreprise parce qu’ils étaient sans emploi.

*Sondage OpinionWay pour l’Union des Auto-Entrepreneurs / janvier 2016

** Sondage YouGov pour Capital / juin 2022

*** INSEE, septembre 2020

Les micro-entreprises par régions et départements

Depuis la création du statut d’auto-entrepreneur en 2009, la part d’actifs ayant choisi ce statut a toujours été, à l’exception de l’Ile-de-France, plus forte dans les régions de la moitié sud de la France que dans le reste de l’Hexagone. Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), Corse, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine sont celles où l’on compte le plus de micro-entrepreneurs au regard de la population active. Il y a ainsi en proportion deux fois plus de micro-entrepreneurs en PACA qu’en Bretagne.

Malgré un régime fiscal plus avantageux qu’en métropole (de 1/6 des taux pleins métropolitains de cotisation en démarrage d’activité à 2/3 des taux pleins à compter de la 4e année), les départements d’outre-mer de la Réunion, de la Martinique et de la Guyane se situent bien en dessous de la moyenne nationale.

Le top 5 des départements comptant le plus de micro-entrepreneurs dans la population active (moyenne nationale 7,2%) :

  • Alpes-Maritimes 12,7%
  • Var 11,2%
  • Corse-du-Sud 10,6%
  • Hérault 10,5%
  • Gironde 9,7%

Le top 5 des départements comptant le moins de micro-entrepreneurs dans la population active (moyenne nationale 7,2%) :

  • Cantal 4,1%
  • Aisne 4,2%
  • Meuse 4,3%
  • Pas-de-Calais 4,4%
  • Haute-Marne 4,4%

Les secteurs d’activités des micro-entreprises

Deux secteurs d’activités concentrent plus du tiers des micro-entreprises créées en 2021. Celui des “Activités spécialisées, scientifiques et techniques” regroupe essentiellement des ingénieurs en recherche et développement tandis que celui des “Transports et entreposage” regroupe notamment les activités de transport de personnes (taxis, VTC…) et les livraisons à domicile.

Le chiffre d’affaires des micro-entrepreneurs

Le chiffre d’affaires annuel des micro-entreprises est soumis à des plafonds selon le type d’activité exercée. Le montant de ces plafonds a été doublé en 2018 afin de favoriser la création de micro-entreprises en France.

Ce plafond est de 176 200 € pour les micro-entrepreneurs exerçant sous le régime des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC) qui regroupe notamment l’achat et la revente de marchandises, les prestations d’hébergement ou encore la vente de denrées alimentaires à consommer sur place.

Il est de 72 600 € pour les micro-entrepreneurs exerçant sous le régime des Bénéfices Non Commerciaux (BNC) qui concerne les activités libérales.

Un chiffre d’affaires nul pendant une période de 24 mois (sous le régime de la déclaration mensuelle) ou 8 trimestres consécutifs (sous le régime de la déclaration trimestrielle) entraine la perte du statut de micro-entreprise.

De même, le dépassement durant deux années consécutives des seuils de chiffre d’affaires entraine la radiation de la micro-entreprise, qui doit alors poursuivre ses activités sous une autre forme juridique.

Selon une étude publiée en janvier 2021, portant sur 2 681 micro-entrepreneurs en activité :

  • 29,9% réalisaient moins de 5 000 € de chiffre d’affaires annuel avant Covid,
  • 13,4% réalisaient entre 5 000 et 10 000 €,
  • 20,9% réalisaient entre 10 000 et 20 000 €
  • 14,9% réalisaient entre 20 000 et 30 000 €
  • 20,9% réalisaient plus de 30 000 €

Source : Observatoire de l’Auto-entreprenariat (Union des Auto-entrepreneurs / Fondation Le Roch-Les Mousquetaires)

En 2021, sur les 2,229 millions de micro-entrepreneurs administrativement actifs, 1 287 000 déclaraient un chiffre d’affaires positif au 4e trimestre de l’année, soit 17,8% de plus qu’au 4e trimestre 2020. Le chiffre d’affaires moyen annuel déclaré s’est élevé en 2021 à 18 824 €, soit 7,4% de plus qu’en 2020.

Au dernier trimestre 2021, le chiffre d’affaires global généré par le secteur de la micro-entreprise en France a dépassé les 6 milliards d’€.

Source : Urssaf / Les auto-entrepreneurs fin décembre 2021

Les revenus des micro-entrepreneurs

Une étude de l’INSEE publiée en mars 2022 a déterminé que le revenu mensuel moyen des micro-entrepreneurs s’était élevé à 560 € en 2019. Pour celles et ceux qui cumulent plusieurs activités, en étant par exemple micro-entrepreneur et salarié, le revenu mensuel moyen tiré de la micro-entreprise était de 370 € (mais leur revenu total mensuel s’élevait, du fait de ce cumul, à 2 280 €). Les micro-entrepreneurs ne tirant pas de ressources d’autres activités percevaient pour leur part en moyenne 680 € par mois.

Selon les secteurs d’activités, le revenu mensuel moyen des micro-entrepreneurs varie fortement. Il était ainsi en 2019 de :

  • 380 € dans l’industrie
  • 390 € dans le transport et l’entreposage,
  • 440 € dans le commerce et l’artisanat commercial
  • 500 € dans les services aux particuliers hors santé
  • 620 € dans la santé humaine et l’action sociale
  • 730 € dans les services aux entreprises et services mixtes
  • 820 € dans la construction

Source : INSEE, juillet 2021 et mars 2022

La pérennité des micro-entreprises

Selon une étude de l’INSEE publiée en septembre 2021, la pérennité à 5 ans des micro-entreprises créées en 2014 était de 33% en 2019 contre 53% pour les entreprises individuelles hors statut d’auto-entrepreneur.

Les micro-entreprises les plus pérennes exercent leurs activités dans les secteurs de la santé humaine et de l’action sociale (45% toujours actifs après 5 ans), les moins dans le secteur du commerce (17%).

L’âge et le sexe des créateurs conditionnent la continuité des micro-entreprises. 29% des auto-entrepreneurs de plus de 50 ans étaient toujours actifs 5 ans après leur immatriculation contre 16% des moins de 30 ans. Une auto-entreprise sur quatre créée par une femme est active économiquement cinq ans après son immatriculation, contre une sur cinq lorsque le créateur est un homme. Un constat qui s’explique en partie par la plus forte présence de femmes à la tête de micro-entreprises exerçant dans des secteurs favorisant la pérennité de leur activité, à l’exemple de la santé humaine et de l’action sociale.

Source : INSEE, septembre 2021

L’impact de la crise sanitaire sur les micro-entreprises

La crise sanitaire a eu un impact fort et immédiat sur la situation des micro-entreprises en France. En matière de création tout d’abord puisque les nouvelles immatriculations sont passées de 30 439 en février 2020 à 24 498 en mars 2020 – mois du premier confinement – puis à 18 626 en avril 2020, soit une chute de près de 40% en deux mois. Mais très rapidement, et en dépit d’une situation incertaine, les créations de micro-entreprises ont connu un net regain avec 28 632 immatriculations en mai 2020 et 38 252 en juin 2020.

La mise à l’arrêt de l’économie française a entrainé une sévère baisse du chiffre d’affaires des micro-entrepreneurs. Au premier trimestre 2020, celui-ci a reculé de 12% par rapport au premier trimestre 2019, avant de connaître une régression plus importante encore – -30% – au deuxième trimestre 2020. Les secteurs les plus touchés ont été ceux de l’hébergement et de la restauration (- 62%), des arts, spectacles et activités créatives (-56%) et du transport/entreposage (-47%). Les activités liées à l’industrie et au commerce ont mieux résisté avec un chiffre d’affaires en baisse de 20% au deuxième trimestre 2020.

Interrogés dans le cadre de l’Observatoire de l’Auto-entreprenariat dont les résultats ont été publiés en janvier 2021, 44,8% des auto-entrepreneurs actifs disaient que la crise sanitaire a eu un impact économique “très conséquent” sur leur activité, 38,8% un impact “conséquent” et 16,4% un impact faible.

Mais en dépit de cette conjoncture particulièrement défavorable, le nombre total de micro-entreprises créées en 2020, loin de s’effondrer, a atteint le chiffre record de 548 000 unités (+ 46 000 par rapport à 2019). Une tendance toujours haussière amplement confirmée par les 641 500 micro-entreprises immatriculées en 2021.

Source : INSEE

La “grande démission”, un pas vers l'auto-entreprenariat ?

Mouvement particulièrement fort aux États-Unis où 48 millions de salariés ont quitté volontairement leur emploi en 2021, la “grande démission” touche également les autres pays occidentaux. En France, 470 000 salariés en CDI ont ainsi déposé leur démission au premier trimestre 2022.

Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce phénomène. Tout d’abord, le fort rebond économique qui a succédé à la crise sanitaire a mis sous tension le marché de l’emploi, ouvrant des opportunités à des salariés en quête d’une nouvelle orientation professionnelle ou de meilleures conditions salariales. Pour nombre de travailleurs, la Covid-19, ses confinements et le développement du télétravail ont profondément modifié le rapport à l’entreprise, et créé de fortes aspirations à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

S’il est hasardeux pour l’heure de s’avancer en termes chiffrés sur le nombre de démissionnaires qui ont créé ou créeront dans un avenir proche leur micro-entreprise, il y a fort à parier – et la progression constante du nombre de micro-entrepreneurs va dans ce sens – qu’une partie non négligeable d’entre eux sauteront le pas afin de gagner en liberté et en autonomie, tout en s’affranchissant d’un environnement professionnel parfois toxique et de tâches pas toujours intéressantes.

Un intérêt de plus en plus fort pour le portage salarial

Chaque année, la part des non-salariés dans l’emploi progresse de 1% en moyenne depuis 2004. Ils représentaient ainsi plus de 12% de l’emploi l’année dernière. Sur la seule année 2019, l’emploi indépendant a bondi de 4,6%, soit 145 000 indépendants supplémentaires.

La pandémie de la Covid-19 et les confinements qu’elle a entrainés en 2020, l’émergence du télétravail ou encore la mise à l’arrêt total de certaines activités – comme dans l’hôtellerie-restauration et le spectacle – ont renforcé chez de nombreux salariés la volonté de charger de voie professionnelle tout en étant plus autonomes. Si la création de micro-entreprises a continué de progresser malgré la crise, cette dernière a mis en lumière la fragilité du statut des indépendants qui bénéficient d’une couverture sociale faible. Il est donc logique que de plus en plus de travailleurs indépendants se tournent, sans renoncer à leur autonomie et à leur envie d’entreprendre, vers le portage salarial qui leur assure une véritable alternative alliant liberté et sécurité.

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